[Détail 1][Détail 2][Détail 3][Détail 4]
Il y a un jardin de lautre côté de la rue. Jaurais dû y trouver le repos, parmi les mômes en pleurs, les couples roucoulants et les vieux endormis. Mais dautres sons se font entendre, les feulements, grognements et grondements des fêtards célébrant le retour de la sauvagerie. Il ne fait pas de doute quils mobservent, non plus comme une menace, comme autrefois, mais comme une friandise, 75 kg de chair hurlante qui sera le dessert bienvenu du festin en cours. Voilà une semaine, alors que je cherchais des boîtes de conserve dans les quelques magasins ayant échappé aux pillards, je manquai de me faire écraser par un zèbre, poursuivi par deux lions. Personne ne prêta attention à moi (un sentiment de déjà-vu). La cité a trouvé son équilibre, fragile, et qui fera le bonheur de tous tant quil durera. Les herbes, dabord jaillies des craquelures du béton, recouvrent maintenant toutes les rues, et fournissent une pâture abondante pour les herbivores. Parcs et jardins sont devenus des jungles débordantes, le refuge ombragé des plus timides ou des plus meurtriers. Des familles entières de perroquets caquetants sinsultent mutuellement depuis les étages supérieurs de demeures patriciennes. Des lémurs ébahis dorment du sommeil du juste dans les éviers moussus. Les mouches heureuses bourdonnent partout, à la recherche dyeux humides et de blessures suintantes. Où suis-je donc ? Comment devenir membre de cet ordre mondial ? Quel maillon sera le mien dans la chaîne alimentaire ? Ces questions peuvent sembler bien futiles, de la part de quelquun qui doit trouver son eau chaque jour, mais