Arrangement: Dang Huu Phuc Support: Album CD "Quynh-Tu, Vietnam: Passions et Rêves" "Anh và Em, voi Nui voi Sông" Le titre en Vietnamien de l'album que Huyên Tôn Nu Quynh-Tu et son équipe de France-Asie ont produit et réalisé "Anh và Em, voi Nui voi Sông" signifie textuellement "Toi et Moi, avec les Montagnes et les Fleuves", ce qui veut dire en terme imagé: |
Peu après, le roi décida d'édifier une fière citadelle en signe de son pouvoir et de sa grandeur.
" Les murs devront être plus durs que du granit et ne devront pas seulement résister aux attaquants ", déclara-t-il aux ouvriers, " mais aussi à toutes les forces de la nature réunies. "
La construction commença, et progressa à
une allure prodigieuse. Pourtant, un jour, une chose incroyable
se produisit : les murailles presque terminées s'effondrèrent
en l'espace d'une nuit.
" Comment cela a-t-il pu arriver ? " demanda
le roi. " Est-il possible qu'il ne reste plus de mes remparts
qu'une poignée de gravats ? "
" ô seigneur ", répondit l'un
des ouvriers, " nous avons entendu cette nuit, du côté
des murailles, un vacarme si étrange et si épouvantable
qu'aucun d'entre nous n'a osé aller voir de quoi il s'agissait.
"
An Duong Vuong prit un air sombre et ordonna de reprendre
la construction. Mais le lendemain les mêmes événements
se reproduisirent. Et quand les murailles s'écroulèrent
pour la troisième fois, le roi fut bien obligé d'admettre
que ce phénomène dépassât l'entendement
humain. Il demanda conseil au Ciel. La nuit suivante, un vieillard
lui apparut en rêve et lui dit. : " Demain matin à
l'aube, rends-toi au bord du fleuve et appelle mon envoyé
dans les Mers du Sud, la Tortue d'Or Kim Qui. Elle seule peut
te venir en aide. "
A son réveil, le roi ordonna tout d'abord d'offrir un sacrifice à l'Empereur du Ciel car cela ne pouvait être que lui qui l'avait conseillé dans son rêve, puis il se rendit au bord du fleuve. Dès que le soleil jeta ses premiers rayons sur le miroir du Fleuve Rouge, la Tortue d'Or émergea des eaux. Sa carapace resplendissait d'un tel éclat que le roi dut se protéger les yeux de la main pour ne pas en être aveuglé. La tortue s'approcha de la rive à la nage. Là, elle se changea en vieillard et dit :
" Je suis Kim Qui, et je t'apparais pour écouter
tes prières. "
An Duong Vuong se prosterna avec respect. Sa voix si forte
d'habitude, et faite pour commander, devint humble et craintive
quand il implora : " S'il est en ton pouvoir de m'aider à
construire ma citadelle, à Envoyé des Mers du Sud,
je te supplie de le faire. Mon peuple et moi-même t'en saurons
gré à jamais ! "
Le Vieillard eut un sourire amical et répondit
d'une voix éclatante : " Tes projets, mon cher roi,
sont contrecarrés par un méchant démon qui
se cache dans la montagne Thât Diêu sous la forme
d'un coq blanc. Grâce à ses pouvoirs magiques, il
règne sur les âmes des défunts qui n'ont pu
gagner le royaume souterrain à cause de leurs méfaits
passés, et il leur a ordonné de détruire
ton édifice. Lui-même, chaque nuit, rend visite à
la ravissante fifre du bûcheron qui demeure au pied du Thât
Diêu.
C'est là que tu pourras peut-être te
défaire de lui, si tu emmènes avec toi tes plus
valeureux guerriers. "
Le roi suivit le conseil de Kim Qui. Le soir-même,
accompagné du génie, il frappa à la porte
du bûcheron et lui demanda asile pour la nuit.
Peu avant minuit, un fort bruit de pas résonna
dehors et des coups violents furent frappés au mur de la
cabane. La même chose se reproduisit à l'aurore,
mais An-Duong avait alerté entre-temps ses soldats cachés
tout autour de la maison. Des centaines de flèches déchirèrent
les airs, et une plainte horrible indiqua qu'elles avaient touché
leur but. Quand le soleil se leva et qu'il fit plus clair, un
moment plus tard, les soldats ne trouvèrent autour de la
cabane que des ossements gigantesques.
" Brûlez ces os et répandez les
cendres à tous les vents ! " ordonna Kim Qui. Ensuite,
se tounant vers le roi, il ajouta : " Nous avons gagné,
et plus aucun sortilège n'empêchera la construction
de la citadelle. Mais tiens-toi sur tes gardes, d'autres dangers
peuvent venir des hommes. "
Après quoi le génie regagna le fleuve,
escorté par An Duong Vuong. Le roi l'assura de sa reconnaissance
éternelle et le pria de veiller sur lui jusqu'à
la fin des temps.
" Je sais à quel point tu désires
la paix ", répondit Kim Qui. " C'est pourquoi
je tiens à te faire un autre présent, même
si j'ai tout lieu de redouter qu'il ne t'apporte pas que du bonheur.
" Cela dit, l'Envoyé des Mers du Sud tendit au roi
une griffe de tortue et déclara : " Sers-toi de cette
griffe pour construire une arbalète. Elle te permettra
de tuer mille ennemis d'une seule flèche. Mais tu devras
veiller sur le secret de cette arme comme sur la prunelle de tes
yeux"
Avant même que le roi ait pu le remercier de
ce cadeau, Kim Qui avait disparu.
A dater de ce jour-là, la citadelle poussa
plus vite que le riz après la mousson.
Bientôt le donjon fut entouré par trois
remparts dont la forme évoquait celle d'une gigantesque
coquille d'escargot. Aussi, quand la construction fut terminée,
An Duong Vuong la baptisa-t-il " Citadelle de l'Escargot ".
Il advint alors que le puissant roi Triêu Dà
voulut à son tour s'emparer du grand royaume d'âu
Lac. Les armées ennemies déferlèrent sur
le pays. Seules les murailles de la Citadelle de l'Escargot leur
résistèrent. Le roi An Duong Vuong en personne monta sur
les créneaux, l'arbalète magique à la main.
Il mit une flèche en place et tira : à la même
seconde, mille ennemis tombèrent morts sur le sol et le
reste prit la fuite. Triêu Dà dut battre en retraite,
vaincu. Toutefois, comme il n'avait jamais été battu
avant ce jour-là, il admit très mal cette défaite
et jura de se venger.
Dès qu'il fut rentré chez lui, il convoqua
ses meilleurs astrologues et ses meilleurs magiciens et leur demanda
conseil. Ils lui répondirent :
" Sache, notre Roi, que ton ennemi An Duong Vuong
possède un puissant sortilège. Aucun bras humaine
peut rien contre cette arme, et une armée entière
est sans pouvoir contre elle. Tu ne pourras le vaincre que par
la ruse. "
" Jamais! " répondit le roi. "
S'ils te reconnaissent, ils te tueront et je perdrai ainsi mon
fils unique "
Quand Triêu Dà vit avec quel enthousiasme
le prince exposait son plan, il finit par céder. Il lui
donna une nombreuse escorte et des cadeaux somptueux pour An Duong Vuong.
An Duong Vuong, dénué de toute malice, se laissa bien vite séduire par les discours pleins de miel de Trong Thuy. La princesse, elle, se laissa charmer par ses beaux yeux et l'on ne tarda pas à célébrer les noces. Des noces qui devaient, du moins An Duong Vuong le croyait-il, sceller une paix éternelle entre les royaumes voisins.
Jour après jour, le prince était plus amoureux de sa jeune femme. Mais cela ne lui faisait pas oublier la véritable raison de sa venue, ni la promesse qu'il avait faite à son père. Un soir, alors que les premières étoiles s'allumaient au firmament, Trong Thuy et My Châu sortirent se promener sur les terrasses du palais. La princesse s'avisa soudain que son époux semblait soucieux et malheureux. Ses traits dénotaient une vive douleur, et cela l'inquiéta profondément.
" Est-ce que quelque chose te manque, mon bien-aimé ? " lui demanda-t-elle.
" Ah, mieux vaudrait que tu ne cherches pas à le savoir, car la réponse risque de te contrarier ", répondit le prince d'un air abattu. Mais la jeune femme insista si bien qu'il finit par lui avouer la vérité. " Je pensais que tu m'aimais et que tu me faisais une entière confiance ", déclara-t-il. " Pourtant, je vois bien que je ne suis toujours pour toi qu'un étranger et un ennemi. On se méfie de moi. Je n'ai même pas le droit d'approcher de la tour qui abrite le secret de la puissance de ton père ! "
" Ah, ce n'est donc que cela ! " s'écria My Châu, soulagée. " Je craignais déjà que tu ne sois gravement malade. Viens, je vais te prouver l'ampleur de mon amour ! "
Elle prit son mari par la main, ouvrit elle-même
la porte de la tour et lui montra l'arme magique.
Maintenant qu'il connaissait le secret, ce fut un
jeu d'enfant pour le prince d'attendre une occasion favorable
et de troquer l'arbalète contre une autre en tout point
semblable.
Quand ce fut fait, il déclara un jour au roi An Duong Vuong : " Il y a bientôt une année que j'ai quitté ma patrie. Je sais que mon père s'est montré coupable envers vous, mais je n'en demeure pas moins son fils. En outre, la paix règne maintenant entre vos deux royaumes, scellée par mon mariage avec la princesse My Châu. C'est pour quoi je vous prie de me laisser retoumer chez moi quelque temps. Je promets de revenir bientôt. " An Duong Vuong écouta le prince avec amitié et lui donna son accord. Alors Trong Thuy alla trouver son épouse pour prendre congé d'elle.
" Je te quitte à regret ", dit-il
en l'étreignant pour la demière fois. " Un
sombre pressentiment me serre le coeur. "
" Ne t'inquiète pas pour moi ", chuchota My Châu. " Promets-moi seulement de revenir bien vite. "
Trong Thuy s'en alla à cheval. Conformément
à sa promesse, il revint bientôt.
Mais pas seul ! Il revint au côté de
son père, et à la tête d'une immense armée
qui sema la mort et la désolation dans le pays tout entier.
An Duong Vuong, sûr de sa victoire, ne prit pas la peine de rassembler
ses soldats. Il attendit que les ennemis se tiennent devant les
murailles de la citadelle, prit son arbalète et monta sur
les créneaux. Il tendit la corde, mit sa flèche
en place et tira. Mais rien ne se produisit.
" Je suis perdu ! " murmura-t-il, abasourdi.
Les premiers guerriers prenaient déjà d'assaut les
remparts du palais. Le roi retouma en courant dans la citadelle,
saisit sa fille par la main et s'enfuit avec elle par un corridor
souterrain. Parvenus à l'extérieur, ils montèrent
sur un cheval et prirent au grand galop la direction de la côte.
Arrivé sur les rives de la Mer Jaune, An Duong Vuong
s'arrêta et cria si fort que sa voix couvrit le bruit des
vagues : " Kim Qui, mon sauveur, mon protecteur, apparais
moi ! "
La Tortue d'Or émergea des flots, contempla
tristement le roi et déclara : " Si tu cherches le
traître qui t'a perdu, sache qu'il est assis derrière
toi ! "
An Duong Vuong se touma vers la princesse et comprit tout.
" Comment as-tu pu trahir ton propre pays, malheureuse
! " s'écria-t-il, au désespoir. Puis il tira
son épée et la lui plongea dans le coeur.
Entre-temps, Trong Thuy avait lui aussi atteint le
bord de la Mer Jaune sur son cheval couvert d'écume. Ses
yeux privés de larmes aperçurent aussitôt
le mince filet de sang qui se mêlait aux vagues.
Il enterra My Châu sur la plage, mais à
dater de cette heure-là son âme ne connut plus un
instant de repos.
Il regretta amèrement d'avoir laissé
sa piété filiale prendre le pas sur son amour conjugal.
Il était trop tard. En vain, son père
essaya-t-il de le consoler en lui rappelant leur glorieuse victoire.
Un jour, terrassé par la douleur, le prince
mit lui-même un terme à son existence en
se jetant dans un puits profond.
Bien que des siècles et des siècles
se soient écoulés depuis, on trouve encore aujourd'hui,
à l'endroit où la pauvre princesse est morte, de
merveilleuses perles roses teintées par le sang de cette
épouse trop-aimante. Ce sont les perles de My Châu.
Pour qu'elles conservent tout leur éclat,
il faut les plonger dans l'eau claire du puits où Trong
Thuy, jadis, s'est noyé.
C'est le jour ou chacun prie
pour expier les péchés de ses parents disparus, ainsi que ceux des
âmes errantes.
La légende raconte qu'un nommé « Muc-Kiên-Liên», dit La Bôc, était doué d'une grande intelligence et faisait preuve d'une piété exemplaire à l'égard de ses parents.
Très jeune, il avait perdu son père, et il lui restait une mère cruelle et cupide. Muc-Kiên-Liên, devant la conduite indigne de sa mère, promena sa peine aux quatre coins du monde.
Grâce à son travail et à ses qualités d'ordre et d'économie, il devint riche : il envoya à sa mère une grosse somme d'argent, qu'elle dilapida très rapidement.
Afin de tromper son fils, elle se réfugia dans l'enceinte d'une pagode, et lui fit croire que son argent était dépensé en oeuvres saintes et en secours charitables.
Quand il rentra au village, Muc-Kiên-Liên apprit la triste vérité et s'effondra de douleur.
Quel-que temps après, sa mère mourut. Il bâtit alors une chaumière près du tertre funéraire et en fils pieux y vécut trois années consécutives pour porter son deuil et fleurir la dernière demeure de la défunte.
Il se rendit ensuite au pays de Bouddha pour l'implorer de le prendre comme disciple.
Il se fit tondre les cheveux, prit l'habit de bonze et se vit confier la direction de la pagode de La-Bi située en pleine forêt de Quit-Son.
Un jour, il lui vint l'idée de se rendre à la Pagode Thiên-Thai où étaient détenues les âmes des morts non encore réincarnées. Il y trouva l'âme de son père, mais celle de sa mère n'y était pas.
Il pleura abondamment, quand Bouddha lui fit savoir que sa mère était encore enchaînée dans l'Enfer, pour purger les innombrables péchés commis de son vivant. Il obtint de Boudha la permission d'aller lui rendre visite et il put ainsi assister aux scenes de tortures atroces auxquelles sa mère était soumise.
Alors Muc-Kiên-Liên s'empressa de revenir
sur Terre et se jeta encore une fois aux
pieds de Bouddha pour lui implorer son pardon.
Emu par tant de piété filiale, Bouddha
lui enjoignit l'ordre de venir à Vuong-Xi et là
il retrouva sa mère réincarnée, mais en une
chienne qui vint lui lécher les mains en
guise de remerciement.
Usant de ses pouvoirs de Bienheureux, Muc-Kiên-Liên redonna à sa mère la forme humaine et il lui enseigna la religion.
Des années s'écoulèrent, jusqu'au jour où sa mère repentante put enfin sortir de l'Enfer. Muc-Kiên-Liên s'empressa de la suivre.
Depuis lors, pour récompenser la piété de
l'enfant et réhabiliter la mère, une rémission
générale de peine est accordée par le Saint
Bouddha à chaque famille, jusqu'à la 7e génération antérieure.
Lui était gardien de buffles, mais plein de prétention, puisqu'il osait aimer la propre fille de l'Empereur de Jade. Informé de cet amour, l'Empereur permit cependant l'union des jeunes gens et leur accorda généreusement sa bénédiction
Mais les deux amoureux se donnèrent entièrement à leur passion, délaissant ainsi l'un, son travail de bouvier et l'autre son occupation de fileuse de soie.
Cette conduite leur valut le grand courroux céleste et l'Empeur sépara les deux amants en traçant entre eux l'immense Voie Lactée. Mais tous les ans, au 7e jour du 7e mois, il leur accorda la permission d'une brève rencontre- sur le pont O-Thuoc jeté par dessus la Rivière Argentée (Ngân-Hà) par la grâce des Corbeaux, Aussi, à cette époque de l'année, la tête des Corbeaux se dégarnit-elle de plumes à force de porter les cailloux destinés à la construction du Pont de la Brève Rencontre.
Et tous les ans, aux jours qui précèdent la Fête, la filandière,
tout heureuse du bonheur en perspective, travaille avec une célérité
telle qu'elle inonde le ciel de flocons de soie blanche et
veloutée, appelés « fils de la Vierge ».
Le soir de la rencontre, elle pleure son éphémère
bonheur, et ses larmes perlées tombent sur la
terre sous la forme d'une pluie fine et bien
faisante, appelée « Mua Ngâu », ou Pluie du
Bouvier.
Au 23e jour de la 12e lune, on fête à nouveau les Tao-Quân (Dieux Lares), juste avant le retour du Nouvel An, et le cycle recommence.
Mais ces Dieux Lares qu'on fête ont aussi leur légende. Leur histoire commença par celle d'un ménage sans enfant, où l'amour s'était refroidi et les disputes devenues si fréquentes que la femme partit un jour pour fonder un autre foyer.
Le mari pris de remords partit à sa recherche ; il arriva ainsi un jour au crépuscule devant la nouvelle demeure de son épouse. Epuisé, il s'affaissa sur le seuil, les vêtements en haillons et la face ravagée par les privations multiples.
Alors la femme profondément touchée, le cacha dans une meule de foin, en attendant de pouvoir trouver un arrangement pour revenir à son ancien foyer.
Entretemps, le nouveau mari rentra au logis et, en préparant la fumure pour son travail du lendemain, mit accidentellement le feu à la meule.
Alertée par les flammes, l'épouse se précipita dans le brasier pour essayer de sauver son ancien conjoint.
Le nouvel époux, ne comprenant rien à un tel geste, se jeta dans le feu à son tour pour tenter de sauver sa femme.
Et tous les trois moururent carbonisés: c'était la volonté d'un destin implacable, et le peuple les immortalisa sous les espèces d'un trépied de fourmeau, en souvenir de leur amour tragique.